Les tests de dépistage d’un déficit de la dihydropyrimidine déshydrogénase chez les personnes recevant du 5-fluoro-uracile ou de la capécitabine

Détails

Fichiers
État du projet:
Terminé
Gamme de produits:
Examen d’une technologie de la santé
Sous-type de projet :
Examen rapide
Numéro de projet :
RC1575-000

Les fluoropyrimidines, telles que le 5-fluorouracile et la capécitabine, sont utilisées dans le traitement des tumeurs solides. Des tests préalables au traitement visant à détecter un déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) ont été recommandés et adoptés dans plusieurs pays afin de réduire le risque d’effets indésirables des médicaments. Ces tests permettent d’ajuster la dose en fonction du génotype ou du phénotype de la personne traitée. Ce rapport a été entrepris dans le but de soutenir les décisionnaires de l’ensemble des provinces et territoires en fournissant une mise à jour en temps opportun sur l’état d’avancement des tests de détection d’un DPD et leur financement à l’échelle du pays, et en résumant les données probantes pertinentes sur leur validité clinique, leur utilité clinique et leur rapport cout/efficacité.

Messages clés

Quelle est la situation?
•    La classe des fluoropyrimidines, dont font partie la capécitabine et le 5-fluoro-uracile (5-FU), est composée de médicaments traitant les tumeurs cancéreuses solides. Un déficit de la dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD), un enzyme qui intervient dans la décomposition de ces médicaments, pourrait augmenter considérablement le risque d’effets toxiques graves, voire le décès.
•    Dans de nombreux pays, le dépistage préalable au traitement d’un déficit en DPD, par phénotypage ou génotypage, suivi d’une adaptation posologique, est recommandé afin de réduire le risque de réaction indésirable aux médicaments. Cependant, la plupart des données probantes reposent sur des variants génétiques se trouvant chez des personnes originaires de pays européens tels que la République tchèque, le Danemark, la France, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne ou le Royaume-Uni. Cela soulève des incertitudes quant à la transférabilité des résultats d’innocuité et d’efficacité de ces méthodes à des populations d’autres origines ethniques.
•    Au Canada, l’accès aux tests de dépistage d’un déficit en DPD est inégal et varie considérablement d’une province et d’un territoire à l’autre.
Qu’avons-nous fait?
•    Nous avons mené une enquête nationale sur l’état actuel des tests de dépistage d’un déficit en DPD et un examen rapide afin de recenser et de résumer les données probantes sur l’efficacité clinique et le rapport cout/efficacité des tests de dépistage d’un déficit en DPD et des adaptations posologiques guidées par les résultats de ces tests comparativement aux soins usuels.
•    Nous avons interrogé des ressources clés, y compris des bases de données de références de revues, et avons effectué une recherche ciblée sur Internet pour trouver des données probantes pertinentes publiées depuis 2015. Une personne examinatrice a passé en revue les articles en fonction de critères d’inclusion prédéfinis, a effectué une évaluation critique des études retenues et a rédigé un résumé narratif des résultats.
Qu’avons-nous trouvé?
•    Les résultats de l’enquête indiquent que le génotypage du gène de la dihydropyrimidine déshydrogénase (gène DPYD) est effectué dans cinq provinces et que deux autres provinces devraient commencer les tests plus tard cette année. Une province a indiqué qu’elle procédait à la fois au génotypage du gène DPYD et au phénotypage de la DPD, en fonction des besoins. Le cout des tests va de 50 $ CA à 500 $ CA, en fonction de la plateforme utilisée et du délai d’interprétation des tests.
•    Selon les données probantes, les personnes porteuses d’un variant du gène DPYD sont plus susceptibles de connaitre des effets toxiques graves, d’être hospitalisées et de décéder que celles qui portent le gène de type sauvage, et l’adaptation de la posologie en fonction du génotype pourrait améliorer ces résultats cliniques chez les personnes porteuses d’un variant.
•    Les données relatives à l’utilité clinique de l’adaptation posologique en fonction du génotype sont issues en grande partie de populations étudiées dans des pays européens, ce qui se traduit par une utilité réduite du génotypage au Canada, où la population cible a de nombreuses origines ethniques. Il faudra d’autres études et lignes directrices pour étayer la validité et l’utilité associées aux variants les plus fréquents dans ces populations.
•    Le phénotypage, qui ne dépend pas de l’origine ethnique, constitue une option intéressante en complément ou en remplacement, mais il existe très peu de données probantes au sujet de sa validité et de son utilité.
•    Selon les données probantes, le génotypage du gène DPYD suivi d’une adaptation de la posologie en fonction du génotype est plus rentable que les soins usuels. Nous n’avons pas trouvé de données probantes portant sur le rapport cout/efficacité d’un génotypage étendu à d’autres variants du gène DPYD ou du phénotypage de la DPD.
Qu’est-ce que ça signifie?
•    À la lumière des données probantes examinées, le génotypage du gène DPYD pourrait présenter une validité clinique et un rapport cout/efficacité suffisants à l’amélioration de l’innocuité de l’utilisation des fluoropyrimidines au Canada dans les populations d’origine européenne.
•    Les cliniciens, les cliniciennes et les décisionnaires pourront éclairer leurs décisions au sujet de la mise en œuvre du dépistage d’un déficit en DPD à l’aide des données probantes résumées dans cet examen.